De la tapette à mouche...

Pourquoi faut-il être radical·e aujourd'hui?

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Illustration :  The Internet. Quelque part au Chiapas...

Le pouvoir politique manie tout à la fois la ruse et la force, les stratégies discursives camouflant sa violence coercitive lorsque celle-ci vient appuyer sa rhétorique dans son insuffisance. Il se cache tour à tour derrière ces deux boucliers : le voilà mis en échec sur le terrain de la persuasion? Il envoie les chiens de garde. La matraque a frappé trop fort? La démagogie la plus éhontée viendra enterrer tout ça. Du moment qu’il conserve son pouvoir, tout lui sera pardonné (Machiavel, Le Prince, XVIII.18). Face à ce double jeu insaisissable, les opposant·e·s politiques, ne disposant pas d’une position d’autorité symbolique équivalente, se retrouvent souvent placé·e·s dans un corner stratégique : user de la force revient à donner au pouvoir le maximum d’armes symboliques contre les luttes, lorsque ne jouer que du symbole expose, démuni, à la répression. Dans ce contexte, avant même la question de la stratégie, se pose celle de l’attitude à adopter face aux postures louvoyantes du pouvoir. Cette attitude est à la fois ethos et perspective conceptuelle. Elle se pose dans l’espace symbolique à la fois comme plan d’élaboration d’agencements conceptuels et comme communauté d’actes qui concrétisent une figure. Figure de l’opposant·e, qui ne peut échapper à la représentation sociale et qui dès lors, se trouve située dans l’espace social symbolique, avec ou contre elle. Chercher à échapper à cette représentation, suivant l’exemple de certains groupes anarchistes actuels qui tentent d’y parvenir en refusant la représentation médiatique ou en revendiquant le secret apparaît non seulement comme parfaitement vain mais particulièrement dangereux, puisque c’est alors laisser tout le champ libre au pouvoir de dessiner la figure qui servira ses stratégies. Tenter à l’inverse de maîtriser sa représentation à l’intérieur de la communauté médiatique, à l’instar du pouvoir, consiste nécessairement à jouer selon ses règles, vu sa position d’autorité symbolique, et en l’occurrence, à notre époque, à déployer une stratégie de « communication ». L’emploi même de ce terme, élément central de la novlangue actuelle des pouvoirs économiques et politiques, manifeste la défaite constitutive d’une telle tactique. Tout autant que face à l’option précédente, le pouvoir est à l’initiative et positionne ses adversaires suivant sa propre référence. Cette dernière stratégie fut celle d’une certaine gauche de gouvernement, mais aussi celle de nombreux agents à l’intérieur ou en lien avec les institutions, à toutes les échelles (des associations municipales à l’ONU…). Mais n’y aurait-il pas aujourd’hui d’autres options possibles, permettant de sortir d’une certaine impuissance à prendre l’ascendant sur les pouvoirs en place?

Afin de ne pas se laisser déterminer par le pouvoir, la seule solution consiste à se placer en dehors de ses trames de domination. Celles-ci sont discursives, symboliques et matérielles : système de valeurs, régime de marchandisation des biens, rationalité, organisation économique de la production-consommation, marché du travail, imaginaire, etc. Les sociétés sont multiplicité, et il peut coexister de multiples trames différentes ; par exemple, il existe de toute évidence des imaginaires dans notre société. Les groupes sociaux dominants – ce que j’appelle dans ce texte « le » pouvoir, aujourd’hui économico-politique – ne détiennent pas le monopôle de création de ces trames, pas plus qu’ils n’exercent un contrôle total et complet sur les trames en circulations. Exercer un contrôle total sur l’ensemble des trames de la société, du moins formellement ou idéalement, est la marque de ce que j’appellerais le pouvoir totalitaire, lequel cherche précisément à totaliser la société dans une unification complète de ses trames, réduisant leur diversité à l’unicité d’un système imbriqué. Tous les pouvoirs politiques ne tendent pas vers le totalitarisme, car rare dans l’histoire ont été ceux qui ont voulu contrôler toutes les dimensions du social. Ces trames, bien que diverses, présentent une certaine communauté de fonction : elles sont toutes des agencements structurant les positions sociales, symboliques comme matérielles. On pourrait ainsi parler de ces trames comme agencements sociaux-symboliques. Mais mon but ici n’est pas de définir ce concept. Je le dépeins dans ce texte uniquement comme outil immédiatement mis au travail. Création opératoire, son utilité dans mon propos présent constitue sa seule justification existentielle.

Reprenons donc notre propos, lequel se situe principalement sur les dimensions symboliques et discursives et non matérielles. Le pouvoir tente bien sûr d’assimiler à sa mécanique de domination, afin de la perpétuer, toutes les oppositions et pour cela, ils ne cesse de les « déterminer », c’est-à-dire de les fixer dans des représentations (au sens de clouer au pilori). C’est là pour lui une nécessité, puisque le pouvoir ne s’exerce que par la capture de trames stratégiques du social et le déploiement de trames dominantes. Le pouvoir ne tient que tant qu’il contrôle les trames essentielles à son maintien, circonstancielles à un contexte socio-historique donné : celles qui assurent par exemple sa légitimité, son autorité ou son emprise sur les conditions matérielles d’existences des personnes. Dans une telle configuration, il est naturellement tout aussi vain de vouloir échapper à l’« enclosure » que d’entrer soi-même, bien sagement, dans l’enclos du maître : ce qui importe, bien sûr, c’est d’être hors de l’enclos! Si la première solution, la « fuite » comme tentative d’échapper à l’emprise symbolique du pouvoir, est vaine, c’est qu’il est impossible d’échapper à quoi que ce soit dans le monde du symbolique, celui-ci étant en dehors de la spatialité. Le pouvoir, dans sa dimension symbolique, est une énorme masse gélatineuse qui avale tout ce qui lui est jeté à la face. Ainsi, il me semble que la seule solution consiste à défier le pouvoir sur son propre terrain, dans l’affirmation d’autres trames qui construisent des nouveaux lieux situés sur les mêmes plans que les trames dominantes, comme le pré du voisin, nouvel espace de possibles. Le but de la manœuvre est double : à la fois saper les soubassements du pouvoir et lui opposer une alternative. Il s’agit de délégitimer le pouvoir tout en se légitimant soi-même et inversement, dans un même mouvement. Dès lors, le discours émancipateur n’est plus simplement dénonciation de la domination, discours « contre », discours négatif, mais un narratif qui au contraire s’affirme dans sa pleine positivité, qui conteste par l’affirmation de nouvelles trames et ce, sur toutes les dimensions du social nécessaires à la remise en cause des fondements du pouvoir dominant. Ces « dimensions nécessaires » sont circonstancielles et identiques à celles évoquées plus haut comme étant les trames essentielles au maintien du pouvoir. Métaphoriquement, elles sont l’ensemble des piliers sur lesquels repose un pouvoir de domination. Être « radical·e » signifie précisément la remise en cause de l’ensemble de ces trames, autrement dit, une remise en cause totale du pouvoir (« totale » au sens d’une exhaustivité).

L’été dernier, moi et mon frère étant invités à une table d’amis, la discussion en vint à porter sur les tapettes à mouches. Un tel vantait les mérites de son dernier achat anti-moustiques, une tapette électrique. Mon frère immédiatement s’indigna de cet écocide systématique indiquant qu’il préférait, lui, ne pas tuer les insectes autant qu’il le pouvait ; quant à moi, j’ironisais sur la complexification technique d’une tâche si simple, pour laquelle j’avais pour ma part découvert empiriquement une technique imparable. Ce fut peut-être l’objection de trop, suite d’une série de positions contradictoires ; quoiqu’il en soit, l’un de nos hôtes alors s’exclama, presque choqué, « mais vous remettez vraiment tout en question! ». Précisément. Nous remettons tout en question, jusqu’à la moindre tapette à mouche! Tout, mais pas n’importe quoi : ce sont les trames émanant du pouvoir dominant que nous remettons en cause, jusque dans leurs moindres manifestations. C’est cela et pas moins que l’attitude radicale que j’appelle de mes vœux. Dans cette anecdote, deux trames dominantes essentielles de nos sociétés se retrouvaient contestées : mon frère s’opposait à la partition homme/nature de la Modernité, fixant la représentation de l’insecte comme « objet nuisible », pure erreur au sein d’un environnement climatisé construit intentionnellement et non partie intégrante d’un écosystème des vivants dont nous ne serions que simple partie. Je pointais pour ma part la rationalité économique et l’imaginaire techno-scientifique de nos sociétés industrielles, contestant l’utilité technique d’un bien manufacturé autant que la rationalité économique de son acheteur.

Cette perspective radicale est une stratégie discursive. Elle permet d’échapper aux jugements du pouvoir : jugements de valeurs, disqualifications rationalistes, narratifs mythiques, toutes ses tentatives pour évaluer l’opposition qui lui fait face selon ses propres trames (ses échelles, ses valeurs, sa rationalité, etc.) est vaine puisque l’ensemble de ses critères de jugements sont remis en cause et confrontés au contraire à d’autres critères qui se revendiquent comme supérieurs. Le combat devient celui de deux figures historiques, deux mondes tous entiers qui s’opposent. La lutte des discours et des imaginaires en vient ainsi à être portée sur les véritables enjeux, les véritables options politiques et existentielles qui différencient ces mondes. Toutes les trames du pouvoir doivent être défiées par de nouvelles, par exemple une nouvelle rationalité doit être opposée à celle du pouvoir actuel, en l’occurrence la rationalité néolibérale. Le pouvoir clame qu’il est plus rationnel de construire un champs de 100 éoliennes sur un relief plutôt que de petites éparpillées dans chaque villages, suivant les choix des habitants : « on économise les coûts, on augmente la rentabilité, on simplifie la gestion » dit-il, une gestion locale est absurde, « elle coûtera plus cher et sera moins efficace ». « Oui, mais tout cela n’a aucune importance » de répondre le nouveau monde, « car nous orientons nos actions suivants de nouvelles valeurs et selon des critères nouveaux ». Un coût moindre? C’est faux : vous ne prenez en compte que le coût économique, nous regardons l’ensemble des effets et des conséquences, prenant en compte la destruction écologique qui résulte d’une production industrielle. Une rentabilité moindre? La rentabilité n’a aucune importance, le but n’est pas de faire de l’argent, le but est de produite une énergie suffisante localement. Le parc produira plus? Là encore, le but n’est pas de produire au maximum, le but est au contraire de minimiser autant qu’il est possible la consommation (et donc la production) énergétique. Il faut bien alimenter les grands centres urbains! Désurbanisons! Jusqu’à l’esthétique, toutes les évaluations du pouvoir doivent être contestées… Tout ceci n’est possible que dans une approche holiste, en effet, chacun des contre-arguments opposé au pouvoir doit s’intégrer dans une totalité de vie : art de vivre, mode d’être, type de société, mode de production économique, bref, ce que j’appelle « monde » pour signifier une pluralité autonome suffisante à la vie humaine. Toutes ces trames mises en lien, non dans un « système totalisant », théorique et abstrait, mais dans un même jaillissement de vie, forment la source d’une nouvelle expansion de l’être humain, se déployant sur de nouveaux espaces ouverts, suivant des motifs et des orientations inédites. La vie humaine tout entière doit être reconfigurée, dans chacune de ses dimensions, sociales comme existentielles. De l’intériorité la plus profonde du désir à l’extériorité la plus lointaine de l’organisation des échanges économiques mondiaux, partout la vie nouvelle doit s’affirmer et s’extirper des trames déployées par les dominations. Une telle approche, non seulement mobilise la puissance la plus maximale de transformation du social en ne laissant que très peu d’armes au pouvoir, mais permet de contester dans un même mouvement plusieurs dominations, puisqu’il s’agit non de se positionner relativement à chacune d’elle mais par rapport à de toutes autres références justement, donc possiblement en dehors de l’ensemble de ces multiples dominations.

Cette radicalité est aussi un ethos, principes de vie autonomes qui redéfinissent l’imaginaire et les valeurs éthiques comme existentielles de la vie humaine. Il me semble très important de ne pas négliger cette dimension, contre le mépris d’une longue tradition matérialiste anti-capitaliste. Aucune dimension du social et de la vie de doit être mise de côté, car toutes les trames sont liées, ne serait-ce qu’indirectement. Cette intrication n’est pas celle d’une totalité close, système organiciste qui voudrait assigner à chaque partie une fonction en rapport à un tout. Au contraire, pensée suivant une ontologie linéale, les diverses et multiples dimensions de nos vies, qui ne sont nullement universelles et atemporelles mais circonstancielles à chaque configuration sociale-historique, se lient suivant l’image d’un nœud de liens, dont les ramifications sont indéfinies et singularisées. A l’image d’un mycélium, la structure centrale se diversifie et se singularise à force de s’étendre, si bien que la singularité d’une situation sociale, terminale à une ramification, ne vient en aucun cas signifier son isolement des autres ramifications, pourtant différentes. Cette unification s’opère donc par continuité et non par réduction à l’identité. La radicalité comme ethos est donc un nœud de trames qui déploie une conception de la vie et de l’être profondément en dehors de celle actuellement prônée par le néolibéralisme. A l’homo œconomicus il est nécessaire d’opposer une autre conception de la vie qui s’assume et se revendique en tant que telle. Elle doit s’affirmer comme meilleure, non suivant une évaluation quantitative, non sur l’échelle des critères du pouvoir, mais suivant ses propres critères. Autrement dit, elle s’affirme comme choix autonome, mais dans le même temps, elle dévoile que l’ethos néolibéral est lui aussi, en conséquence, simple choix. Le combat n’est dès lors plus qu’esthétique et sensible : aucune justification rationnelle n’a besoin d’être recherchée, la confiance dans la beauté et la richesse de sa conception doit suffire à l’affirmation de celle-ci. Une telle affirmation n’est toutefois en rien arbitraire : elle repose sur l’expérience et sur un jugement comparatif porté sur les effets des modes de vies. Les ethos qui se font face, les mondes qui s’affrontent sont donc incommensurables. Les enjeux de la lutte qu’ils mènent sont sensibles et esthétiques : quel monde aimons-nous? Voilà la seule question qui vaille la peine d’être posée, mais qui doit être posée en revanche pleinement, dans une pleine conscience et lucidité des conséquences et des implications de chaque perspective.

S’il faut être radical·e aujourd’hui, c’est – je le pense – parce que les enjeux sont trop grands et qu’ils demandent un basculement complet des logiques qui sous-tendent jusqu’à présent nos sociétés. Néanmoins, cette attitude ne doit pas être comprise comme un impératif universel : elle n’est qu’une stratégie disponible aux luttes, qui doit être adoptée suivant les contextes. Je pense pour ma part que le contexte de la la société française actuelle se prête à une telle stratégie. Elle ne doit pas s’imposer comme stratégie unique, mais simplement s’affirmer pour elle-même, adoptant envers les autres stratégies de luttes existantes une attitude propre, non celle du pouvoir, non une union factice, mais une position relative suivant ses propres valeurs et critères. Être radical·e, on l’aura compris, n’a rien a voir avec le fait d’être violent ou extrême dans ses prises de positions. La particularité de cette approche réside, comme je l’ai dit, dans l’exhaustivité de ses dimensions. Elle est multiplicité unie dans un même mouvement, se déployant sur toutes les dimensions sur lesquelles a encore prise le pouvoir. Elle vient contester le pouvoir partout, sur le moindre détail, sur le discours le plus technique, sur la plus futile représentation. S’il est possible d’être radical·e aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il est possible d’opérer ce renversement total des trames des dominations actuelles. Il se trouve, heureux concours de circonstance, qu’il apparaît aujourd’hui que les schèmes conceptuels des divers appareils de domination – le capitalisme, le patriarcat, le rapport instrumental à la nature (l’industrie), le colonialisme – sont liés. Cette liaison est réelle, tant conceptuellement que matériellement, dans les structures sociales et les réseaux d’individus qui exercent ces dominations. Si je ne développerai pas ici ce point, je mentionnerai un exemple, afin de donner à voir ce phénomène. La figure masculine est dépeinte comme plus rationnelle, du côté de l’esprit, lorsque la femme est située sur le plan du sensible et de l’émotivité. Le monde économique, bien sûr, est régie par l’esprit et la rationalité, le sensible comme les affects n’étant considérés que sous l’angle instrumental, pour manipuler salarié·e·s et consomatrices·teurs. L’humain et sa culture, c’est le monde de l’esprit, lorsque la nature est celui du sensible et de l’irrationnel. Enfin, les sociétés occidentales sont présentées comme plus rationnelles et plus proche d’une vie de l’esprit, au sens non spirituel mais cognitif (scientificité, culture complexe, intelligence, etc.), alors que les sociétés traditionnelles, sont situées du côté de l’irrationnel et d’une sensibilité exacerbée (de la vie nue aux transes chamaniques en passant par le rapport direct à la nature, elles sont décrites comme moins réfléchies et cognitives mais plus impulsives et immédiates au monde). Bref, on peut ainsi multiplier les nœuds de liens conceptuels entre les processus de domination, tout autant que de relever leurs représentations et imaginaires communs.

Nous avons donc la chance de pouvoir, d’un bloc, renverser les mondes que nous combattons. « Nous », ce sont toutes celles et ceux qui se battent, en tous temps et en tous lieux, pour l’émancipation des personnes humaines, contre toutes les formes de dominations. Un renversement matériel immédiat et complet de ces dominations est impossible et s’avère de toute façon absurde, car on ne peut transformer une société en dehors des lignes de devenir qui l’anime. Mais ce n’est nullement une défaite. L’histoire humaine s’opère par le jeu complexe de multiples lignes de devenirs, myriades de tensions et puissances diverses, chacune tentant de vivre et de déployer sa puissance. Ce bouillonnement de vie ne cesse d’imaginer et ouvrir dans le réel de nouveaux possibles. Le processus de domination est capture de ces devenirs, tentative de contrôle des trames du social et d’imposition de ses propres lignes. Il tente, afin de persévérer dans son être, de contenir les devenirs afin de faire perdurer aussi longtemps que possible son appareillage de capture. Le pouvoir comme domination, consciemment ou non, tend à organiser les trames qui tissent les vies humaines à son avantage suivant une double dynamique de légitimation et de fermeture des possibles. D’une part, le pouvoir doit se justifier et se légitimer, car il ne repose toujours que sur l’obéissance de ses sujet·te·s, d’autre part, il doit se présenter comme nécessaire ou comme fatalité, en maîtrisant les imaginaires et la rationalité afin qu’aucune autre configuration sociale n’apparaisse comme concrètement possible. La tâche de celles et ceux qui luttent contre cette fermeture des devenirs de nos vies et de nos sociétés doit être, sans relâche, de faire sauter une à une toutes les barrières qui s’opposent à la bifurcation de nos sociétés vers le monde que nous souhaitons. Dans cette lutte, l’important n’est pas l’arrivée, que nous ne pouvons prévoir à l’avance, mais le chemin. C’est pourquoi, une attitude résolue, sans compromis et sans honte, me semble la meilleure pour vivre nos vies pleinement autant que pour saper le plus efficacement les dominations que nous combattons. Cette attitude radicale et lucide accepte ses limites : que le pouvoir que nous combattons soit plus fort que nous n’a pas d’importance, qu’il faille parfois se soumettre n’a pas d’importance, ce qui est important, c’est affirmer sans fléchir la légitimité et la supériorité de « notre monde ». Ce qui est important, c’est de mettre le pouvoir à nu : sa violence et son arbitraire doivent être dévoilées et chacune de ses tentatives discursives doit être contrée. Le pouvoir doit être dépouillé de tous ses artifices rhétoriques, de toutes ses niches conceptuelles, de tous ses imaginaires positifs. Seule une approche holiste et une perspective se posant comme altérité radicale peut réaliser une telle attaque, sur tous les fronts : toutes les trames que déploient les dominations.

 

A.A.

 

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