A propos


Illustration :  Kandinsky, Composition VII, 1913. Huile du toile, 200 x 300 cm.

Ut pictura philosophia

« La philosophie est comme la peinture »

C’est un ami qui m’a donné l’idée de réaliser ce blog, après lecture de quelques textes que j’avais écrits. J’écris en effet régulièrement depuis 2016, date à laquelle je commençais une réflexion philosophique que je continue aujourd’hui. Les textes que je publie ici sont presque exclusivement issus de mes carnets, à l’exception d’un certain nombre que j’écris spécialement pour ce blog, ou à d’autres destinataires, comme des lettres à mes ami·e·s par exemple.

« La philosophie est comme la peinture », c’est une approche de la philosophie que je fais mienne, paraphrasant le célèbre vers d’Horace « ut pictura poesis », qui comparait, au premier siècle avant notre ère, la poésie à l’art pictural. Pourquoi faut-il peindre aujourd’hui? Il le faut car le monde est trop gris et l’avenir trop sombre. Il le faut, car la complexité des enchevêtrements que nous devons démêler surpasse les beaux systèmes, simples et épurés, qui furent ceux de la philosophie passée. Il le faut car nous avons besoin en ce siècle d’ouvertures, non de finitude. Alors, dans les ruines de l’Anthropocène, nous allons tout barioler de couleurs! Face aux pesanteurs telluriques du capitalisme destructeur, nous allons devenir légères et légers comme la lumière qui traverse les toiles impressionnistes! Contre toute la douleur du patriarcat, nous allons redessiner les formes!

La philosophie comme art pictural n’est toutefois pas seulement un enchaînement de métaphores, mais bien une conception propre et précise de la réflexion philosophique. C’est la philosophie de la multiplicité, des perspectives, de l’indéfini, du mouvement. Cette attitude se cristallise autour du concept de concept. Unité de la multiplicité, le concept a été trop souvent conçu comme un objet solide, lourd, déterminé, positionné et fixé. Angoisse de l’indéfini, du mouvant : obsession de la certitude. La pensée philosophique, dans cette optique, fût l’œuvre essentiellement de « conservateurs », aveugles aux violences qui se déroulaient sous leurs yeux, prompts aux jugements et cheminant abstraitement vers la Terre de Vérité… Vanités! que furent trop de quêtes naïves, bien qu’animées parfois d’intentions louables. Le XXe siècle a ouvert de nouveaux horizons. Depuis Nietzsche, le philosophe détruit les idoles et de nombreuses problématiques nouvelles ne cessent d’émerger depuis un siècle. Tout est remis en question, la pensée s’éclate, se diffuse, se dissout. Temps de crise il est vrai, car nous vivons une véritable métamorphose. Or, je crois que pour aller « toujours plus haut », comme l’exhortait Alexandre Soljenitsyne en 1978, nous ne devons pas revenir en arrière et à nouveau tenter d’emprisonner le réel dans nos petits Ordres millimétrés. Nous devons penser résolument différemment, si nous ne voulons pas simplement repeindre les murs de notre prison. Comme dans l’histoire de la peinture, une vraie révolution ne passe que par l’affirmation de nouvelles valeurs, de nouveaux systèmes de pensées, de nouveaux imaginaires et non simplement par une « prise du pouvoir », illusion d’émancipation.

Une pensée collective

Ce blog est tout d’abord une vitrine de l’histoire de ma pensée, laquelle se déroule aux lecteurs suivant son évolution chronologique. Aucun des textes que je publie ici ne doit être considéré comme définitif, expression d’une pensée arrêtée, mais au contraire comme un cheminement, avec ses tâtonnements, ses erreurs, ses emportements, ses impasses, ses déplacements et ses enrichissements. Je me trouve aujourd’hui bien souvent en désaccord ou insatisfait de textes passés et je dépasserai demain tout autant mes textes présents.

Toutefois, je ne souhaite pas que ce blog reste enfermé dans ma pensée propre. On ne pense jamais seul. D’une façon générale, la vie n’existe que sociale et la pensée que collectivement. Ce blog cherchera donc à construire une réflexion collective autour d’axes sur lesquels nous nous retrouverons. Il se veut tout à la fois une plateforme de recherche, un lieu d’expression et de partage, d’élaborations collectives et de dialogues. C’est pourquoi il sera fondamentalement collaboratif. D’une part, j’encourage ses lectrices et lecteurs à commenter sans gêne les textes qui s’y trouvent et j’espère ainsi que nous pourrons mener ici des discussions stimulantes, dans le partage, le respect et l’amitié mutuelle ainsi que dans une attitude valorisant le savoir, l’exploration et l’élaboration de connaissances. D’autre part, vous êtes toutes et tous invité·e·s à me faire parvenir vos textes, que je publierai avec plaisir sur ce site, que ce soit des textes philosophiques, des textes concernant les axes de recherches du blog mais aussi des textes plus libres, sur d’autres sujets, selon d’autres formes, par exemple la poésie, du moment qu’ils soient des textes orientés vers l’élaboration d’un savoir, vers l’exploration du monde et ancrés dans votre expérience. Enfin, la rubrique “Network” attend naturellement toutes vos suggestions, se voulant être une plateforme collaborative de « data » disponibles sur le web. Par ailleurs, si des personnes veulent se joindre plus avant à l’aventure de ce site, vous pouvez me proposer de nouveaux axes de recherches, qui sont représentés par la rubrique “Dossiers”. Je vous demanderai alors simplement une certaine implication, au moins pour réaliser un premier cœur au dossier (présentation, un minimum de références, de ressources, quelques textes…).

Je remercie affectueusement Anthéa, pour ses relectures attentives et pétillantes ainsi que pour la colorisation de l’image de titre du site, Viviane et Nicolas pour leurs nombreuses et attentives relectures et leurs encouragements, Charbel, pour m’avoir donné l’idée de ce blog et l’envie de le programmer moi-même, Alex et Matthieu pour leurs conseils judicieux ainsi que vous toutes et tous, lecteurs et lectrices de ce blog, autrices et auteurs des textes qui viendront le fleurir, pour cette co-création partagée qu’il deviendra à travers vous.

A.A.


auteur·trice·s

Si vous écrivez un article pour ce blog et si vous le souhaitez, vous pouvez vous aussi écrire une petit bio qui apparaîtra ici...

A.A.

C’est à Londres alors que je travaillais dans les pubs, que j’eus une prise de conscience fondamentale qui me poussa à faire de la philosophie. Émigré et travailleur pauvre, je voyais toute la misère générée par l’exploitation des êtres humains par cette machine démesurée, ce vortex affamé qu’est la capitale britannique. Incroyable production de richesses à partir de si petites mains : c’est là la chose la plus curieuse que j’ai vu. Comment peut-on faire autant à partir de gens si humbles, si ignorants, si fragiles? C’est la trivialité du mode de vie idéal de nos sociétés qui apparaissait dans le même temps au grand jour. Les lieux mythiques dont nous allèchent les Tops-web, les plus imposants grattes-ciels, les plus prestigieux cocktails bars, les plus belles résidences : tous ces lieux n’existaient que par le travail d’émigré·e·s qui ne parlaient qu’à peine l’anglais, par l’activisme de managers aussi incultes qu’incapables et avec les matières premières les moins chères et les plus triviales que l’on puisse imaginer. « On s’en fout que ce soit de la merde, pourvu que ça looks good ! », voilà ce qu’on nous disait, d’en haut… Vie superficielle et vide, ville morne et répétition. Ce n’était pas seulement une déception que j’eus alors, mais bien une vision d’horreur : car je voyais les humains autour de moi devenir « zombies » : accepter tout, se transformer eux-mêmes, muter en un individu transparent, traversé et agi par le marketing, comme une marionnette. Souffrance pourtant, tout autour de moi, ce vide qu’il faut combler, par le travail, par la consommation, ce vide qui les terrifie tou·te·s ! Alors, ayant compris que je ne trouverai nul havre de paix de par le monde – car Londres est à l’image de la plupart des sociétés de notre planète et encore, il y a bien pire ! – j’ai décidé de me battre contre ce monde qui avale tout. Or, je ne savais que penser et la philosophie apparut comme l’arme que je manierai le mieux. Ce n’est pas à nous de changer pour nous « adapter » à l’avilissement, c’est à ce monde de merde de se transformer, dans ce qu’il a de plus fondamental. Ceux qui ne peuvent vivre dans le monde qui est le leur n’ont d’autre choix que de se battre contre lui : et c’est une philosophie de combat que je pratique. Mais combattre, ce n’est pas se jeter pèle-mêle dans la mêlée, c’est bien plutôt, comme le recommande Sun Tzu, jouer avec les flux qui composent les circonstances, les mots qui construisent nos cages de verre et les racines qui nous fondent et qui se perdent en radicelles… On ne donne l’assaut que lorsqu’on est assuré de la victoire, lorsque l’ennemi ne repose plus que sur du sable. Or, ce jour arrive bientôt, peut-être est-il déjà là…

Je souhaite pour l’instant que mon identité demeure anonyme. Je remercie celles et ceux qui me connaissent de bien vouloir respecter mon choix et de ne pas colporter mon identité parmi leurs connaissances ou de par le web…


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